La pharma, engagée mais peu visible dans ses démarches RSE
Le groupe IQVIA et ses partenaires ont dévoilé ce mardi 13 avril les résultats de « Act for RSE® », une étude visant à dresser un état des lieux de l’engagement des entreprises de santé en Responsabilité sociétale d’entreprise (RSE). 2021 sera l’année de la formalisation et de la valorisation de ces stratégies.
IQVIA, By Agency, Strategic Consulting, Common Good Conseil et Pharmaceutiques ont dressé un état des lieux de l’engagement des entreprises de santé en Responsabilité sociétale d’entreprise (RSE) via l’étude « Act for RSE® ». « Si les définitions de la RSE sont multiples et variées, les démarches encore fondamentalement différentes en fonction des pays, les labels nombreux, et les secteurs pas tous impliqués de la même manière, la volonté d’inscrire des actes et des impacts est bel et bien engagée, y compris en France (1) », indique en préambule Edwige Benis, directrice des études et du consulting chez IQVIA. Les partenaires de l’enquête, dont les résultats ont été présentés mardi 13 avril, ont conclu à son importance grandissante dans les industries de santé, dont les missions de santé publique sont intrinsèquement liées à la RSE. Les résultats de l’enquête montrent également la forte volonté de formaliser et de valoriser leur engagement environnemental, économique et social/sociétal. « Les laboratoires pharmaceutiques font figure de bons élèves, même s’ils ne sont pas dans une démarche affichée et formalisée, ni actée comme partie intégrante de leur modèle, observe Edwige Benis. La relocalisation des sites de production en France ou en Europe, avec pour objectif collectif une autonomie sanitaire, est également un élément qui illustre les démarches en cours par le secteur ».
Un levier au service de l’image
Pour les 37 entreprises de santé interrogées (2) entre décembre 2020 et février 2021, la démarche RSE n’est pas encore considérée unanimement comme un levier de progression et de développement à long terme, mais elle est d’ores et déjà envisagée comme un moyen de renforcer l’image de l’entreprise et de répondre aux attentes des clients et autres parties prenantes. « C’est aussi une question de business : le facteur humain est un vrai levier de croissance », assure Mai Tran, dirigeante de Strategic Consulting, citant les chiffres de McKinsey sur le gain de 15 % de performances dans les entreprises où il y a une égalité hommes/femmes dans les postes de direction et même de 35 % lorsque l’équipe est diversifiée. Si l’intérêt du secteur est croissant, les démarches sont encore peu visibles et le niveau de formalisation hétérogène. Ainsi, 42 % des entreprises interrogées sont à une étape de formalisation. 23 % sont dans une phase opérationnelle, avec la création d’une fonction RSE, la définition d‘objectifs et d’une feuille de route et la mise en place d’indicateurs de suivi. Enfin, 35 % de l’échantillon est dans une phase de pilotage et d’amélioration continue.
Un fort déficit de valorisation
Parmi les bénéfices attendus de la mise en place d’une démarche RSE, plus de la moitié concerne les ressources humaines, en développant la fierté d’appartenance et en construisant une « marque employeur » avec un focus très fort sur les actions sociales et sociétales. « Si la RSE est d’abord un engagement de l’entreprise, c’est aussi une affaire de communication, assure Laurence Séguillon, dirigeante de Common Good Conseil. Les actions de communication se sont jusque-là principalement tournées vers les collaborateurs. » 20 % ne communiquent ni en interne ni en externe, laissant place à une forte marge de progression. Pour illustration, seules 36 % des entreprises de santé publient des rapports en France mentionnant leur démarche. La communication vers le grand public, très ponctuelle, est souvent portée sur les aspects environnementaux. « Il faut éviter le « greenwashing », et promouvoir une communication sincère, honnête et empathique », indique Laurence Séguillon. « Une communication responsable qui passe par des preuves, renchérit Eric Phélippeau, président de l’agence de communication et design santé By Agency. Il faut respecter certains codes et recommandations qui ont été dictés par l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) ou l’Ademe. » Une communication à l’image du secteur, encadrée, qui s’appuie sur des éléments factuels, et dans une volonté de transparence.
Juliette Badina
(1) La loi Pacte de 2019 relative à la croissance et la transformation des entreprises vient renforcer le cadre législatif français de la RSE et introduit la qualité de « société à mission »
(2) 37 entreprises ont participé à l’enquête avec des profils très diversifiés (médicaments, OTC et DM, petits et grands groupes, sociétés familiales ou cotées) et représentent plus de 30 % du CA du marché pharmaceutique français. Une « Pulse survey » a également été menée réalisée auprès de 98 collaborateurs de l’industrie de santé.