Les technologies du spatial en support de lutte contre le Covid-19
Un laboratoire biologique transportable pour surveiller l’état de la pandémie, un outil de télémédecine pour contrôler les paramètres vitaux des patients, un système d’échographie pour le diagnostic à distance… Les technologies issues de l’aérospatial ont fait leurs preuves lors de l’épidémie de Covid-19.
« L’European Space Agency encourage l’utilisation des technologies spatiales en santé depuis de nombreuses années, ces deux secteurs ayant de grandes similarités, indiquait Jan Wörner, directeur général de l’ESA, lors de la rencontre « Le spatial au service de la santé post-Covid-19 ». Ainsi, certains projets ont contribué à répondre aux besoins des communautés médicales face à l’épidémie de Covid-19. » En Italie, l’agence finance une mission de dépistage médical à l’aide du laboratoire B-LiFE (Biological Light Fieldable Laboratory for Emergencies), développé par des scientifiques de l’Université belge de Louvain et utilisé avec succès lors de l’épidémie d’Ebola en Guinée. En Espagne, le service médical d’urgence de Catalogne utilise deux appareils de télémédecine Tempus Pro, initialement développés pour les compagnies aériennes commerciales, pour trier et traiter les patients. « Les outils de télémédecine réduisent l’isolement, minimisent les barrières et les privilèges, et permettent de confirmer un diagnostic », confirmait Fabien Schneider, responsable de l’apprentissage Télémédecine à Médecins Sans Frontières. En France, un système d’échographie par télé-ultrasons Melody, conçu par AdEchoTech avec le soutien de l’ESA, permet le diagnostic à distance.
Un impact direct
De nombreuses applis mobiles ont également montré leur impact positif, en particulier pour atténuer l’isolement et soutenir le comportement individuel pendant cette pandémie. Le laboratoire de développement durable urbain du Royaume-Uni teste son appli Care View, cofinancée par l’agence, qui permet d’accéder à une carte thermique sécurisée de l’isolement social et d’autres besoins non-satisfaits. La start-up Lanterne, soutenue par le Centre d’incubation des affaires de l’ESA au Royaume-Uni, a conçu en seulement 3 jours l’appli Crowdless, qui utilise les données satellite et l’intelligence artificielle pour vérifier si une destination est surpeuplée. Des applis développées dans le respect des droits d’information et d’accès aux données des utilisateurs, « même dans l’urgence de la crise ! », prévenait Vanessa Candeias, chef de System Initiative on Shaping the Future of Health and Healthcare à l’OMS.
Faire face à l’urgence
Mi-avril, plus de 12 000 personnes de 100 pays ont participé
au Global Hack, organisé par Garage48
avec le soutien du Business Incubation Center de l’ESA en Estonie, qui s’est
concentré sur des idées pour la crise actuelle. Le lauréat du hackathon est la start-up
allemande SunCrafter, qui a réutilisé des cellules solaires pour construire une
unité de désinfection des mains.
En réponse à la pandémie, l’ESA a lancé trois grandes initiatives pour répondre
à l’urgence à court terme et soutenir l’industrie à plus long terme. La
première, lancée en mars en coopération avec le ministre italien de
l’Innovation technologique et de la Numérisation (MID), a permis de recueillir
120 propositions concrètes issues de 16 pays et de financer les meilleurs
projets (10 M€ de l’agence italienne). Une deuxième initiative a été lancée à
la mi-avril pour 6 mois afin de répondre aux besoins du National Health System
(NHS) au Royaume-Uni (2,6 M£ de l’agence britannique). La troisième initiative,
européenne, doit permettre de déployer rapidement des projets pour atténuer les
impacts du Covid-19 et améliorer l’état de préparation pour toute future
épidémie. « Une approche One-Health globale est nécessaire pour lutter
contre ces pandémies », justifiait Walter Ricciardi, professeur d’hygiène
et de médecine de santé publique au sein de l’Université catholique de Rome
Juliette Badina