Médicaments essentiels : l’Etat prend la main !
L’Etat pilote désormais l’achat et l’approvisionnement de cinq molécules en tension pour optimiser la gestion des stocks hospitaliers. Le président du Leem prend acte de la décision, mais il attend des garanties.
La fin justifie les moyens. Depuis le 27 avril, l’Etat centralise l’acquisition et la distribution de cinq molécules utilisées en réanimation et en soins palliatifs, soit deux hypnotiques et trois curares en voie de raréfaction. Acheteur exclusif, il se fournit directement auprès des laboratoires fabricants, en lieu et place des hôpitaux français. « La rationalisation de la commande publique doit permettre d’optimiser la gestion et l’allocation des stocks, en fonction des besoins constatés. L’ANSM* proposera chaque semaine un plan de répartition des ressources que les ARS** déclineront ensuite dans leur zone d’influence », détaille Frédéric Collet, président du Leem. Signe particulier : les modalités exactes de la procédure seront précisées ultérieurement par décret. Si les premières livraisons ont été effectuées le 30 avril, la question du prix d’achat demeure toutefois « confidentielle ».
Une équation à deux inconnues
Selon l’organisation syndicale, la hausse « massive, rapide et ciblée » de la demande mondiale explique cette « nationalisation » inédite de certains achats hospitaliers. « L’ampleur de la crise sanitaire nécessite des mesures extraordinaires, auxquelles nous devons nous adapter. L’enjeu prioritaire consiste à délivrer le bon médicament, au bon patient, au bon moment… de toutes les façons possibles », estime Frédéric Collet. Dans une situation de pénurie, l’aspect logistique est primordial. « Les pouvoirs publics disposent d’une vision globale et précise des manques. Eux seuls sont en mesure de garantir un approvisionnement équitable et régulier. » Le président du Leem attend néanmoins des réponses claires sur deux points critiques : la durée exacte et les conditions de sortie de ce « dispositif exceptionnel ».
Une industrie proactive
En dehors des tensions observées, Frédéric Collet se veut rassurant. « A ce jour, nous restons très vigilants, même si aucune rupture n’est constatée sur des médicaments essentiels. Nos capacités de production ont parfois été multipliées par cinquante, en quelques semaines seulement. Nos usines tournent à plein régime, sans discontinuer. » Les laboratoires pharmaceutiques sont également actifs sur le plan réglementaire. Ils plaident notamment en faveur d’un renforcement de l’offre disponible via l’autorisation de molécules accessibles à l’étranger, l’identification d’alternatives thérapeutiques pertinentes et l’exploitation de la pharmacopée vétérinaire. Le Leem invite par ailleurs les établissements de soins à respecter les recommandations de bon usage émanant de la société française d’anesthésie et de réanimation ou encore du service de santé des armées.
Jonathan Icart
(*) Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé – ANSM.
(**) Agence régionale de santé – ARS.