Un quatrième vaccin au secours de la stratégie vaccinale
Et de quatre ! La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé jeudi 11 mars l’octroi d’une AMM conditionnelle au vaccin contre le SARS-CoV-2 développé par Janssen, pour les personnes âgées de plus de 18 ans, y compris chez les personnes âgées de plus de 65 ans.
Le vaccin à adénovirus de Janssen est le quatrième vaccin contre le Covid-19 autorisé dans l’Union européenne, après ceux à ARNm de Pfizer/BioNTech et Moderna, et celui sur adénovirus d’AstraZeneca. Mais il est le premier ne nécessitant qu’une seule injection. Ce qui permettrait de l’utiliser « de manière préférentielle dans les zones géographiques où l’épidémie est particulièrement active et où une accélération de la campagne de vaccination est estimée nécessaire », précise la HAS dans son évaluation. Autre point : « Il est compatible avec les canaux standard de stockage et de distribution des vaccins », a rappelé Janssen dans son communiqué. Des avantages qui devraient permettre « d’augmenter les capacités journalières de vaccination », poursuit la Haute autorité.
Des volumes attendus
Alors que la couverture vaccinale dans les Ehpad (1) dépasse ce qui était espéré et produit déjà ses effets sur la mortalité, et que la vaccination des plus de 75 ans a déjà un impact sur le nombre de personnes âgées hospitalisées, « le facteur limitant de la campagne actuelle en France reste les doses fournies », rappelle le Pr Alain Fischer, président du conseil d’orientation sur la stratégie vaccinale, qui répondait aux questions de la communauté LinkedIn ce vendredi 12 mars. A ce jour, 4,8 millions de Français ont reçu au moins une dose et parmi eux 2,2 millions ont reçu la seconde dose.
La Commission européenne avait signé en octobre dernier une précommande de 200 millions de doses avec J&J, avec une option sur 200 millions supplémentaires. Le Pr Fischer estime qu’avec les volumes précommandés, « l’essentiel des personnes vulnérables et des professionnels de santé aura été vacciné d’ici fin mai », et qu’il serait possible « de vacciner massivement la population d’ici la fin de l’été, si elle est adhérente ». Le gouvernement souhaite ouvrir la vaccination aux plus de 65 ans début avril et aux plus de 50 ans mi-avril, sans restriction.
Alain Fisher a rappelé que « le nombre de professionnels vaccinés reste insuffisant à ce stade » et qu’il y a « une certaine urgence » à agir. Il a toutefois jugé qu’« il y avait encore de la place pour de la pédagogie » en rappelant les arguments en faveur de la vaccination : la nécessité de se protéger soi-même, celle d’éviter les infections nosocomiales, la nécessaire exemplarité ainsi que l’importance d’une vaccination de masse. « L’obligation vaccinale ne sera envisagée qu’en dernier recours », a-t-il assuré à cette occasion.
Efficacité contre le variant sud-africain
Avec les données disponibles à ce jour, la HAS indique que l’efficacité persistante du vaccin de Janssen sur les variants sud-africains et brésiliens lui confère un intérêt particulier dans certaines zones géographiques. Alain Fisher a rappelé que la décision avait été prise récemment d’utiliser les vaccins à ARNm en Moselle où la circulation du variant sud-africain est importante, « alors qu’on ne connaît pas la protection apportée par le vaccin d’AstraZeneca même si des études chez l’animal sont encourageantes ». Il en a profité pour rassurer sur l’efficacité et la tolérance du vaccin d’AstraZeneca, mis à mal ces derniers temps, pourtant administré à plus de 10 millions de personnes dans le monde. « L’observation ces derniers jours d’évènements thromboemboliques en Autriche et au Danemark génère des questions légitimes, admet-il. Mais l’EMA rassure, indiquant que le nombre de ces événements chez les personnes vaccinées ne serait pas plus élevé que celui observé dans la population générale ». Son comité d’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance (PRAC) a jugé que « les bénéfices du vaccin continuent à l’emporter sur ses risques » et que le produit peut continuer à être administré. La campagne va donc pouvoir s’intensifier avec quatre vaccins disponibles.
Juliette Badina
(1) Environ 80 % ont reçu une dose et 60 % deux doses