GSK alerte sur des retards de vaccination contre le méningocoque
Selon une étude internationale Ipsos commandée par le laboratoire GlaxoSmithKline, la pandémie de Covid-19 aurait entraîné de nombreux retards ou reports de vaccination contre le méningocoque. Sans rattrapage rapide, les risques de transmission de germes à la levée des restrictions inquiètent certains pédiatres.
Alors que la pandémie de Covid-19 a augmenté l’appétence pour la vaccination antigrippale, elle semble en revanche avoir entraîné des retards dans les injections inscrites au calendrier vaccinal. Une étude internationale Ipsos financée par le laboratoire GlaxoSmithKline a examiné le cas de la vaccination anti-méningocoque. Cette étude a été conduite dans huit pays d’Europe, d’Amériques du Nord et Latine et d’Océanie, de mi-janvier à mi-février 2021, auprès d’environ 5 000 parents ou responsables légaux d’enfants concernés par cette vaccination (adolescents aux Etats-Unis, enfants de moins de quatre ans dans les autres pays).
Des données présentées lors d’une conférence internationale organisée par le laboratoire pharmaceutique le 24 mars, indiquent que depuis le début la crise, près de la moitié des rendez-vous pour cette vaccination auraient été reportés ou annulés. En Europe (Royaume-Uni, France, Allemagne et Italie), ce chiffre monte à 56 ou 57 %. Dans près des deux tiers des cas, le confinement ou les restrictions aux déplacements sont mis en avant. Mais un tiers des répondants évoque aussi une crainte de contracter le Covid-19 en se rendant dans certains lieux publics comme les centres de soins.
Une infection extrêmement grave
L’infection invasive à méningocoque (IMD) est pourtant loin d’être une maladie bénigne. « L’IMD peut entraîner un décès dans les 24h et tout le monde est susceptible d’être touché », rappelle Francesca Ceddia, vice-présidente en charge des affaires médicales au global de GSK. Près d’une personne sur dix en décède, et parmi celles qui en réchappent, c’est dans un cas sur cinq au prix de très lourdes séquelles, comme des amputations. Selon l’étude, « une large majorité des parents considère pourtant cette vaccination comme importante », assure Francesca Ceddia.
Recommandée par l’OMS, la vaccination anti-méningocoque (contre les souches B ou C, ou tétravalent, suivant les pays), est inscrite dans le calendrier vaccinal des deux tiers des pays européens – mais la France est la seule à l’avoir rendue obligatoire (pour la souche C, pour les enfants nés après le 1er janvier 2018).
Risques à la reprise des activités sociales
Selon l’étude, seuls 77 % des parents ayant eu un rendez-vous de vaccination annulé durant la pandémie prévoient d’en reprogrammer un nouveau. Dans les quatre pays européens de l’étude, les chiffres vont de 62 % pour la France à 81 % pour l’Italie. Le Dr Michael Horn, pédiatre bavarois, s’inquiète d’une reprise par les enfants des activités sociales (aux premiers rangs desquelles les rencontres familiales ou entre amis et le retour à l’école), avant que les vaccinations aient été réalisées. « Dès que ces activités reprendront, les échanges de germes surviendront à nouveau. C’est pour moi une préoccupation majeure car l’infection est d’abord asymptomatique, la vaccination est le seul moyen de s’en prémunir. Il n’y a aucun risque à se rendre chez son médecin pour faire vacciner son enfant », insiste-t-il.
Rappelons qu’en Allemagne, les établissements scolaires ont été fermés de fin décembre à fin février, certains n’ayant toujours pas rouvert. En France, où les crèches, écoles maternelles et primaires sont toutes restées ouvertes depuis le début de septembre (sans port du masque pour les plus petits), aucune explosion de cas de méningites n’a, à ce jour, été signalée…
Julie Wierzbicki