Sciences

Variole du singe : pas d’inquiétude, mais vigilance

Les experts réunis par l’ANRS-MIE rassurent sur le risque constitué par l’émergence récente de cas de variole du singe en Europe et estiment que cette nouvelle épidémie favorisera l’accroissement des connaissances sur les virus varioliques.

Pas de panique ! Ainsi pourrait-on résumer l’état d’esprit du point presse organisé par l’ANRS – Maladies infectieuses émergentes le 2 juin, dressant un état des lieux de l’avancement de l’épidémie de variole du singe (orthopoxvirose simienne ou Monkeypox) dans les pays occidentaux. Une première alerte a été lancée le 12 mai suite à l’apparition de cas sans lien direct avec des voyages en zones endémiques, d’abord au Royaume-Uni. D’autres cas ont été signalés depuis en Europe et dans le monde. Selon les chiffres rapportés par Alexandra Mailles, épidémiologiste à la direction des maladies infectieuses de Santé publique France, on dénombrait au 31 mai, 321 cas dans l’Union européenne, dont 120 en Espagne, 96 au Portugal et 26 aux Pays-Bas, et 236 cas hors UE dont 179 au Royaume-Uni. Aucun décès n’est à déplorer. En France, 33 cas étaient confirmés en date du 1er juin, dont 24 en Ile-de-France. Mais selon elle, il n’y a eu à ce stade aucune hospitalisation liée à une forme grave. Le virus pénétrant dans l’organisme par des lésions de la peau ou des muqueuses, les patients sont majoritairement des hommes ayant des relations homosexuelles, mais des femmes et des enfants ont également été touchés.

Des traitements antivarioliques disponibles

Si elle n’a été observée que très rarement par le passé dans les pays du Nord, apportée par des voyageurs ou transmise par des animaux issus de zones endémiques, la maladie est bien connue dans certaines régions d’Afrique du Centre et de l’Ouest, où des flambées épidémiques surviennent régulièrement. Selon Steve Ahuka Mundeke, chef du département de virologie à l’Institut national de recherche biomédicale de République démocratique du Congo, la transmission dans ces régions est essentiellement zoonotique (seul un tiers de cas de transmission interhumaine). Le taux de mortalité y atteint 1 à 10 %, souvent du fait de prise en charge tardive dans les zones reculées, avec des complications respiratoires et des surinfections.
Dans les pays occidentaux, les patients concernés ont plus facilement accès aux traitements. Comme le rapporte Xavier Lescure, infectiologue au service de maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Bichat Claude-Bernard (AP-HP), deux antiviraux sont déjà disponibles. Si les données d’efficacité chez l’Homme sont rares, la sécurité est selon lui en revanche bien mieux documentée. Le tecovirimat (TPOXX®), du laboratoire américain Siga Technologies, dispose notamment d’une AMM européenne depuis janvier dernier chez l’adulte et l’enfant de plus de 13kg contre différentes infections à orthopoxvirus. Aux Etats-Unis, il n’est approuvé par la FDA que contre la variole (dans le cadre de la prévention d’attaques bioterroristes), de même que le brincidofovir (Tembexa®), de la société américaine Chimerix, en deuxième option.

Pas de campagne vaccinale préventive

Aucun vaccin spécifique contre le Monkeypox n’a été développé à ce jour. La vaccination contre la variole peut procurer une immunisation croisée, mais le virus ayant été déclaré éradiqué en 1980, seules les personnes ayant reçu une vaccination avant cette date bénéficient encore de cette immunité. La France et d’autres pays disposent de stocks de vaccins antivarioliques, dont le volume et l’emplacement sont tenus secrets pour des raisons de sécurité. Le niveau d’efficacité de ces vaccins contre le Monkeypox chez l’Homme est inconnu, mais serait en revanche très élevé chez le singe. « Le degré de gravité du Monkeypox ne nécessite pas de campagne de vaccination préventive », rassure Brigitte Autran, professeure émérite d’immunologie à la faculté de médecine de Sorbonne Université, membre du Centre de recherche en Immunologie et maladies infectieuses de Paris. Elle est en revanche recommandée aux personnes « cas contact » des patients, avec l’administration d’une première dose dans les jours suivant l’exposition. En France, une dizaine de personnes contacts ont déjà été vaccinées.

Une recherche renforcée

En Afrique, la recherche n’avait pas attendu l’épidémie occidentale pour « se mettre en ordre de marche », avec des travaux sur la sérologie ou les réservoirs viraux. Une cohorte avait notamment déjà été constituée en République centrafricaine, et est aujourd’hui en train d’être adaptée pour inclure des patients du Royaume-Uni, de Suisse et de plusieurs pays européens. De son côté, l’ANRS-MIE est en train de finaliser un projet de cohorte observationnelle incluant des personnes infectées et traitées par un antiviral. Une cohorte de surveillance des personnes vaccinées est en cours de montage, afin de documenter l’efficacité spécifique de ces vaccins contre le Monkeypox. Finalement, « cette épidémie va certainement permettre une avancée des connaissances », se réjouit Eric D’Ortenzio, responsable du département stratégie & partenariat de l’ANRS-MIE.

Julie Wierzbicki

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