Confinement : un impact plus social que médical pour les patients atteints de cancer
Alors que des professionnels de santé s’inquiètent d’un renoncement aux soins chez les malades hors Covid-19, le traitement et le suivi des personnes souffrant d’un cancer seraient adaptés, et l’impact du confinement principalement social, selon une enquête des associations Patients en réseau et Juris Santé.
« Le confinement a plus d’impact sur la situation de vie personnelle que sur le parcours de soins des personnes atteintes de cancer », estime Laure Guéroult-Accolas, fondatrice de Patients en réseau. L’association a conduit une enquête auprès des utilisateurs de ses trois réseaux : cancer du sein (2.500 visiteuses actives), du poumon (700) et gynécologique (400). Ses quelque 1.100 participants témoignent pour la plupart d’une «adaptation importante des parcours ». 82 % des chimios et radiothérapies ont été maintenues, 65 % des consultations, mais seulement 54 % des examens (scanner, IRM) et 39 % des interventions chirurgicales. « Les traitements essentiels sont maintenus. Les équipes médicales proposent une adaptation ou non en fonction du niveau de risque, indique Laure Guéroult-Accolas. Il y a eu une explosion des téléconsultations pour le suivi de certains patients. L’expérience va peut-être bousculer les habitudes et accélérer la mise en place de solutions (applis), en complément du suivi en vie réelle. » Si l’accès aux soins essentiels semble assuré, l’accès aux soins de support est en revanche très dégradé.
Hiérarchiser les priorités
Le confinement aurait surtout des conséquences sur la vie personnelle des patients. « Etre en famille a des côtés positifs mais engendre aussi de la fatigue (gestion des repas, des devoirs des enfants…). On n’a pas de moment ni de lieu pour souffler. Cela engendre une surcharge mentale en plus du stress de la maladie et des effets des traitements. Pour les personnes âgées, les problèmes sont l’isolement et l’anxiété d’être contaminé par le covid. » La vision des répondants a probablement évolué, l’enquête ayant été réalisée après deux semaines de confinement. « Nous lançons une nouvelle enquête sur le ressenti des patients face au confinement prolongé et les préoccupations de cette population plus fragile face au déconfinement, annonce Laure Guéroult-Accolas. La priorité est double : ne pas être infecté par le covid et continuer à se faire soigner. Il faut aussi voir comment remettre de la vie dans le confinement : ça n’a pas forcément de sens d’être confiné indéfiniment, séparé de ceux qu’on aime, si le temps de vie est compté. »
Muriel Pulicani