L’industrie se tourne vers les essais cliniques virtuels
Les politiques de confinement imposées par le gouvernement dans la lutte contre le Covid-19 ont posé un défi aux promoteurs d’essais cliniques et aux organisations de recherche sous contrat (CRO). Nombre de visites de patients programmées ont été retardées et certaines études en cours annulées, poussant les acteurs à se tourner vers des technologies virtuelles.
Le recrutement de nouveaux patients aux États-Unis, en Italie et en Espagne a diminué de plus de moitié en mars par rapport à l’année dernière, selon Medidata. Une alternative aux essais cliniques conduits traditionnellement dans des sites d’investigation est l’étude virtuelle dans laquelle tout ou partie des éléments du processus, notamment le recrutement, les visites et la transmission de données sont gérés électroniquement, à distance. Les régulateurs américains et européens ont rapidement émis leurs guidelines, recommandant de passer aux visites virtuelles des patients. Selon une enquête menée en avril et mai 2020 par ERT, éditeur de logiciels pour la recherche médicale, 82 % des industriels adoptent de nouvelles technologies en raison de la pandémie de Covid-19, notamment pour faire face à la problématique du screening des nouveaux patients. Selon l’enquête, les principaux problèmes ayant une incidence sur les essais au cours des six à douze prochains mois sont la gestion des protocoles (32 %), le recrutement (25 %), l’observance et la rétention des candidats (18 %). La plupart des fabricants de médicaments cherchent maintenant à adopter une approche hybride permettant des visites à domicile pour la collecte d’échantillons, des applis pour mesurer des paramètres et des livraisons de médicaments.
Les études viennent aux cancéreux
Le groupe IQVIA témoigne dans un webinar que les sponsors et investigateurs des essais sur les patients cancéreux, parmi les plus vulnérables pendant l’épidémie, se sont rapidement tournés vers des technologies virtuelles. « Les oncologues ont observé une baisse de 44 % des visites de leurs patients chaque semaine en début de pandémie et 64 % d’entre eux ont constatés des délais dans l’initiation des traitements, indique Cristina Oliva, vice-présidente Oncology Center of Excellence chez IQVIA. Une étude menée en 2019 montrait que la majorité des investigateurs approchés sont prêts à participer à des protocoles menés pleinement à distance ou à des études hybrides ». La recherche vient aux malades, améliorant l’accès aux études en oncologie.
Plus sûrs et plus rapides
« Ces nouveaux types d’essais sont plus sûrs et plus rapides, plus pratiques pour les patients et plus économiques pour les sponsors et les CRO, indiquait Cynthia Venendaal, vice-présidente Clinical Operations chez IQVIA Biotech. Le recrutement des candidats est plus facile, leur engagement et leur participation à long terme plus importants, les délais plus courts et les données finales plus précises ». Ils sont tout à fait adaptés pour des études observationnelles, des suivis à long terme, des thérapies orales par exemple, mais difficile à mettre en place pour des phases précoces en oncologie, des premiers tests sur l’Homme, ou des protocoles d’escalade de doses », décrit-elle. L’accélération constatée dans l’adoption d’essais cliniques virtuels permet la poursuite d’études critiques pendant la pandémie et de protocoles plus axés sur le patient en sortie de crise sanitaire. L’avenir permettra de juger de la disponibilité des thérapies.
Juliette Badina