France Biotech : 32 mesures pour préparer l’après-crise
Fragilisée par la crise économico-sanitaire, la filière healthtech est à la recherche un second souffle. Portées par France Biotech, trente-deux mesures doivent favoriser la relance de l’activité dans les mois à venir. Le co-pilotage de l’innovation, la planification budgétaire et la dynamique partenariale seront les piliers de la transformation attendue.
Comment concilier la relance économique et le progrès médical ? France Biotech* veut résoudre cette problématique, imposée par la crise sanitaire. Les ambitions sont clairement affichées : « Notre pays doit devenir un leader de l’innovation en santé », affirme Franck Mouthon, son président. Recherche, transfert de technologies, propriété intellectuelle, financement, développement, accès au marché, accompagnement du capital humain… Il y a deux mois, l’association présentait un plan d’action thématique, composé de trente-deux mesures circonstanciées. « Nous suggérons aux pouvoirs publics d’adopter une stratégie plus offensive en matière d’innovation, tant dans sa conception et son développement que dans son intégration dans le système de santé. La diffusion plus rapide des solutions de demain – et leurs bénéfices sur l’optimisation des parcours de soins – nécessitera une vision plus fine et plus prospective des besoins. » Pour alimenter cette production, France Biotech avait mobilisé toutes ses ressources internes. Elle s’était notamment appuyée sur les contributions de ses deux nouvelles entités, à savoir sa commission e-santé et son groupe « market access ».
Deux enjeux majeurs
Le diagnostic est sans appel : tout le processus de la création de valeur devrait être repensé. Plus rationnel, il devrait aussi être plus participatif. « L’évaluateur, le payeur et le régulateur pourraient aiguiller les travaux de recherche dès les phases précoces du développement », propose Franck Mouthon. Selon lui, ce « cercle vertueux » permettrait d’identifier plus facilement le positionnement adéquat d’un produit dans la stratégie de référence, en fonction de son utilité réelle pour les patients. Il permettrait également d’attirer davantage d’investissements, tout en réduisant les risques pour les investisseurs. La politique de régulation n’échappera pas à cette exigence d’anticipation. France Biotech recommande pour cela la constitution d’une nouvelle autorité, à laquelle contribuerait les principales instances sanitaires**. Signe particulier, elle serait assortie d’une loi de programmation de la santé prévoyant les dépenses de façon triennale, voire quinquennale. « Les entreprises du secteur disposeraient enfin de la visibilité et la prédictibilité qui leur fait cruellement défaut sur le marché français », insiste Franck Mouthon.
Les impacts de la crise…
Au regard des impacts constatés, les séquelles du SARS-CoV-2 pourraient bien être durables. Caractérisés par un allongement significatif des délais de recrutement, les retards accusés dans la conduite des essais cliniques seront difficiles à rattraper. Idem pour les levées de fonds, fatalement moins abondantes depuis plusieurs mois. « La plupart de nos sociétés ont bénéficié des dispositifs de soutien déployés par le gouvernement, mais ces dettes devront être remboursées », rappelle Franck Mouthon. Dans un contexte difficile, la Coalition Innovation Santé aura joué un rôle d’amortisseur. Co-impulsé par France Biotech, France Digitale, Medtech in France et AstraZeneca, l’appel à projets se sera soldé par la mise en œuvre accélérée de 16 solutions digitales, destinées à garantir la prise en charge d’environ 57 000 patients chroniques au printemps dernier. « Près de deux millions d’euros auront été injectés dans les PME innovantes sélectionnées par la Coalition », précise-t-il. Modèle de réactivité entrepreneuriale, partenariale et financière, cette initiative inédite pourrait avoir valeur d’exemple. Elle pourrait notamment inspirer d’autres formes de rapprochement entre le public et le privé.
Jonathan Icart
(*) A l’origine du « Plan Innovation Santé », France Biotech est une association qui regroupe tous les entrepreneurs de la filière healthtech (biotech, medtech, e-santé, intelligence artificielle).
(**) HAS, CEPS, ANSM, ANS, DGE, DSS, DGOS et DGS.