HealthTech : plus rien n’est impossible
Co-organisée par Pharmaceutiques et TechToMed, la 3e édition de PharmaHealthTech dresse le nouvel agenda technologique de la pharma dans une perspective « post-Covid ». Les participants de la première table ronde saluent la mobilisation des acteurs publics et privés, impulsée par la crise, autour des outils digitaux en santé. Se pose aujourd’hui la question de la pérennisation de ces initiatives.
La crise du Covid-19 a eu au moins deux effets positifs largement reconnus : l’explosion de l’usage des solutions digitales en santé et la création de collaborations inédites entre acteurs du public et du privé qui communiquaient peu entre eux jusqu’ici. Lors de la première table ronde de PharmaHealthTech, organisé le 16 septembre, Amandine Jacques, Directrice customer excellence chez Takeda France, rappelle ainsi le succès du collectif Coalition Innovation Santé, créé dès le premier confinement, auquel a succédé Coalition Next, qu’elle préside : « 300 sociétés ont répondu à notre appel à projets, 19 projets ont été retenus et financés par les laboratoires pharmaceutiques partenaires, avec les hôpitaux comme terrain privilégié d’expérimentation. » « Cette volonté partenariale autour des solutions digitales est quelque chose de nouveau qui a émergé durant cette période, se réjouit Franck Mouthon, président de France Biotech. Une forme de continuité se met en place, et on en voit de nombreux exemples, comme la Filière IA et Cancer. »
Le défi du modèle d’affaires
L’enjeu est aujourd’hui de pérenniser cet engouement : le modèle d’affaires se pose comme le premier défi. « Si nous sommes plusieurs sponsors à soutenir une solution, il y a plus de chances de la pérenniser. Mais le modèle d’affaires ne pourra pas reposer sur le seul soutien de l’industrie pharmaceutique », estime Amandine Jacques. Pour Franck Le Ouay, président de Lifen, il existe aujourd’hui un « momentum » de la santé digitale, un faisceau convergent, à même de susciter l’appétence des investisseurs. « Mais des success stories sont nécessaires pour les convaincre, insiste-t-il. Même si l’idée est belle, ce qui compte c’est la réalisation. Il faut une coopération entre les acteurs publics, privés et le réglementaire, pour soutenir ces usages. Or il y a beaucoup trop d’énergie mobilisée par tout l’écosystème autour de ces sujets : l’effort doit être mutualisé pour que chacun n’ait pas à réinventer la roue ». Sa société travaille ainsi à « éliminer les contraintes une par une » pour faciliter l’accès des solutions digitales aux utilisateurs. Pour Franck Mouthon, il est aussi essentiel d’inciter financièrement les médecins et soignants à poursuivre et amplifier la collecte de données.
Développer de nouveaux usages de la donnée
Selon Sophie Bouju, medical director operational expertise chez Janssen France, l’explosion du digital ne changera pas la mission première de l’industrie pharmaceutique : découvrir des médicaments efficaces et les mettre à disposition des patients. « Mais nous avons aujourd’hui de nouvelles possibilités qui s’ouvrent, et nous devons proposer toutes les solutions possibles ». Des solutions qui devront être bien adaptées à la question posée. Sophie Bouju évoque en particulier l’utilisation des données de vie réelle dans les essais cliniques. « Mais on en est encore au stade du défrichage. L’accès et la qualité des données seront des points clé. Pour convaincre, il nous faudra aussi être transparents sur la méthodologie, et avoir un langage commun entre le public et le privé. »
Julie Wierzbicki